1561 jours – Général Ancelin : 3 mai 1915

1561 jours – Général Ancelin : 3 mai 1915

Le jour où… Suite au décès, la veille, d’Helmer, un de ses amis officier, le major John Mc Crae rédige le poème “In Flanders Fields”

Photo :  John Mc Crae et, ci-dessous, le manuscrit de son poème

Traduction littérale du poème de Mc Crae (voir aussi sa biographie) :

Dans les champs de Flandre, les coquelicots fleurissent
Entre les croix qui, une rangée après l’autre,
Marquent notre place ; et dans le ciel,
Les alouettes, chantant valeureusement encore, sillonnent,
À peine audibles parmi les canons qui tonnent.

Nous, les morts, il y a quelques jours encore,
Nous vivions, goûtions l’aurore, contemplions les couchers de soleil,
Nous aimions et étions aimés ; aujourd’hui, nous voici gisant
Dans les champs de Flandre.

Reprenez notre combat contre l’ennemi :
À vous, de nos mains tremblantes, nous tendons
le flambeau ; faites-le vôtre et portez-le bien haut.
Si vous nous laissez tomber, nous qui mourons,
Nous ne trouverons pas le repos, bien que les coquelicots fleurissent
Dans les champs de Flandre.

L’adaptation française (récente) de l’ancien militaire, historien et écrivain canadien Jean Pariseau (voir sa biographie) :

Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix ; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.

Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor’
À nos parents, à nos amis,
C’est nous qui reposons ici,
Au champ d’honneur.

À vous jeunes désabusés,
À vous de porter l’oriflamme
Et de garder au fond de l’âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d’honneur.

Le pendant français de In Flanders Fields est sans doute, davantage que son adaptation française, le poème Heureux ceux qui sont morts… de Péguy (écouter le poème) que nous avons déjà évoqué lors de son décès le 5 septembre 1914, mais qui avait été écrit avant le conflit.

Pour In Flanders Fields, le hasard ou le destin ont voulu que l’auteur, un médecin militaire canadien, ait cette inspiration à la saison où le coquelicot apparaît dans les champs. Le poème paraîtra quelques semaines plus tard dans une revue canadienne et connaîtra immédiatement un énorme succès. Il sera également publié dans le magazine britannique Punch le 8 décembre 1915. Mc Crae décédera de maladie à Boulogne-sur-Mer en 1918.

Le coquelicot, cette fleur des champs rouge comme le sang qui est évoquée dans In Flanders Fields, va véritablement devenir le symbole des combattants de la grande guerre en Grande-Bretagne et dans tout le Commonwealth. L’image est d’autant plus puissante que c’est bien l’Empire, à travers les Canadiens, qui a imposé aux Britanniques la marque du souvenir, comme pour mieux leur faire apprécier ce que la Couronne doit à ses dominions dans cette guerre.

Son équivalent en France est le bleuet. Sa création symbolique date de 1925, lorsque deux infirmières de l’Institut des Invalides, en charge des grands mutilés de guerre, prirent l’initiative de faire réaliser des bleuets en tissu par les pensionnaires, pour les occuper et leur procurer des ressources supplémentaires.

Après être tombé un peu dans l’indifférence, alors que les Bleuets de France étaient le symbole des anciens combattants français, depuis quelques années, notre bleuet est de nouveau porté à la boutonnière par le Président de la république lors des cérémonies à l’Arc de Triomphe et il revient à la mode sous une forme plastique.

Outre-Manche, les gerbes artificielles à base de coquelicots en carton ou plastiques sont standardisées : une marque pour résister au temps. J’ai en tête une image puissante du centenaire de la déclaration de guerre en 2014 : tous ces coquelicots en céramique, 888 246 au total, soit le nombre des morts britanniques du conflit ! Ils ont été plantés dans les douves entourant la Tour de Londres, un autre symbole fort au regard de la monarchie anglaise.

Photo (2014) : le premier ministre anglais plantant un poppy à la Tour de Londres.

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