Le jour où… L’armistice avec l’Allemagne est effectif.
Photo : départ du train du maréchal Foch de Rethondes
Le train du maréchal Foch peut quitter la clairière de Rethondes ! En dépit de tous les contre-temps et des difficultés rencontrées, les plénipotentiaires allemands ont fini par signer l’armistice qui doit être effectif 6 heures après sa signature (voir le texte).
Signé à 5h10 du matin, le rédacteur (il est noté « de la main du Gal Weygand ») prend sur lui d’avancer l’heure de signature à 5 heures : 5+6 = 11… C’est ainsi que le groupe dateur 11 novembre, 11 heures, va entrer dans l’histoire !
Dernière page signée du texte de l’armistice. En face de l’heure (5 heures), il est indiqué « de la main du Gal Weygand »
Photo : L’avion revenant de Spa après avoir déposé le capitaine Geyer. Notez les marques flottantes blanches d’identification
Pour être sûr de sa diffusion, un avion français est missionné pour transporter le capitaine Geyer de l’armée allemande à Spa, selon les procédures déjà envisagées pour le capitaine Von Helldorff quelques jours auparavant.
Au bout des 1 561 jours de guerre, ces 6 heures vont pourtant peser de toutes leurs secondes, surtout pour les hommes engagés au combat sur la ligne de front, car ces heures vont être mortelles pour certains ; ils perdront la vie au moment où ils pouvaient espérer en jouir à pleins poumons.
À ces derniers morts sur le front de France, quelle que soit leur nationalité, nous devons un respect particulier :
H – 90 mn : Dans les faubourgs de Mons, en Belgique, le soldat George Edwin Ellison, du 5ème Royal Irish Lancers est touché, il sera le dernier soldat anglais reconnu mort pendant la guerre.
H – 15 mn : Le soldat Augustin Trébuchon du 415ème Régiment d’Infanterie est tué d’une balle dans la tête, à Dom Le Mesnil dans les Ardennes, en allant porter un message à son capitaine. Il sera déclaré mort pour la France à la date du 10 novembre pour des raisons politiques.
H – 15 mn : Marcel Toussaint Terfve, caporal au 1er Régiment de ligne belge tombe, le poumon perforé par une balle, le long du canal reliant Gand à l’estuaire de l’Escaut.
H – 2 mn : Le soldat canadien George Lawrence Price tombe dans une embuscade à Ville-sur-Haine, en Belgique, il est considéré comme le dernier soldat de l’Empire britannique mort au champ d’honneur.
H – 1 mn : Nous sommes à Chaumont-devant-Damvillers, le soldat américain Henry Gunther est fauché par une rafale de mitrailleuse. L’Histoire l’a retenu comme le dernier soldat allié tué pendant la première guerre mondiale.
H, 11 heures : L’armistice vient d’entrer en application : le lieutenant Tomas sort tout heureux des lignes allemandes pour contacter ses anciens ennemis, en secteur américain. Les Doughies, non avertis, ouvrent le feu et l’abattent !
Ainsi, comme les premiers morts tombés la veille de la déclaration de guerre officielle, le lieutenant Tomas vient de rejoindre après la cessation des combats un autre lieutenant allemand, Albert Meyer, tombé, lui, avant les combats, lors de « l’incident » de Joncherey, le 2 août 1914, ainsi que le caporal français Peugeot (photo ci-dessus).
Nous étions 1 562 jours plus tôt…
Photo : les premiers contacts sur la ligne de front après la signification de l’armistice.
Carte : le clairon Sellier
Le poilu qui sonne le Cessez-le-feu (cliquer pour écouter) est le même que celui qui, le 7 novembre, a ouvert la voie aux plénipotentiaires allemands.
Il s’agit du caporal Sellier, originaire de la région de Belfort-Montbeliard. Incorporé au 171ème Régiment d’Infanterie en octobre 1913, pour son service militaire, c’est un miraculé, ce qui ne l’empêchera pas d’être seulement démobilisé en juin 1919 !
Le suicide collectif de l’Europe, manquant de la mener à sa perte, vient théoriquement de se terminer… Cependant, cette Europe sens dessus dessous est-elle en mesure de surmonter le traumatisme vécu par ses populations pour se reconstruire ?
La réponse est bel et bien dans les mains des survivants.
Est-ce donc vraiment la fin ?
Tous auront-ils la même vision de l’avenir ?
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