Le jour où… Le 92ème Régiment d’Infanterie reconquiert le Bois des Caures.
Photo : les défenses allemandes du Bois des Caures après l’attaque du 8 octobre
Agissant dans la cadre de la 26ème Division, le 92ème Régiment d’Infanterie a reçu pour mission de s’emparer du fameux Bois des Caures (voir le 22 février 1916 ). Appliquant un cadre d’ordres des plus précis, dans lesquels les mesures de coordination sont particulièrement détaillées, le régiment, renforcé de territoriaux et d’une compagnie de tirailleurs sénégalais, va remplir ses objectifs, en dépit du maillage des nids de mitrailleuses allemandes, une fois de plus très efficace. Une fois le terrain conquis, le régiment devra, jusqu’à la fin du mois, faire face à de nombreuses contre-attaques montrant la détermination de l’adversaire à s’accrocher au terrain.
Laissons le capitaine Lancelot, commandant la 3ème Compagnie, nous relater les combats :
À 4 heures du matin, j’étais dans la tranchée du Sanglier. À 5 heures, au premier coup de canon, nous devions partir. Ayant une heure devant moi, je cassai une croûte et m’endormis sans tarder sous la garde vigilante de mon ordonnance qui devait m’éveiller à 4h45. Un bon soldat ne perd pas une occasion de manger et de dormir.
À 5 heures, l’artillerie ouvre le feu, un feu formidable qui vous remue dans la pénombre du jour naissant, comme un immense volcan en éruption. Je me lève, et en même temps, surgit autour de moi ma compagnie parfaitement ordonnée.
Nous avions quelque 500 mètres à parcourir. Progression difficile, terrain bouleversé, détrempé, barbelé. Aucune réaction de l’ennemi. Au passage, je vois plusieurs zouaves en tenue d’avant-guerre au fond de trous d’obus, pleins d’eau (Ceux de 1914).
À quelque cinquante mètres du bois, je fais stopper ma compagnie pour attendre la levée de notre barrage qui battait encore la lisière. Le barrage boche, peu dense, se déclenchait à ce moment-là. Je donne le signal de l’assaut, en bondissant dans les derniers éclatements de nos 75.
À la lisière du bois, nous trouvons un soldat jeune, l’air d’un enfant, blessé légèrement à la main gauche et qui pleure comme un veau ! … Il porte un uniforme que je ne reconnais pas tout d’abord. Interrogé immédiatement, il dit être Autrichien et faire partie d’une division autrichienne récemment arrivée […..] … sur le front français. Il ajoute à sa déclaration : « Nous ne voulons plus faire la guerre » […..] Bientôt même je vois s’avancer, au-devant de moi, un groupe d’officiers conduits par un chef de bataillon, officier d’allure distinguée, qui me dit dans un excellent français : « Nous en avons assez, nous ne voulons plus nous battre pour les Allemands. Nous voulons travailler pour vous à l’arrière ». (In Verdun – Histoire des combats qui se sont livrés de 1914 à 1918 sur les deux rives de la Meuse – Jacques Péricard)
Profiter de toute occasion pour prendre un peu de repos avant le combat, car on ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain : un vrai biffin, le capitaine Lancelot ! Quand au 92ème RI, il ne manque pas de savourer sa gloire comme en témoigne l’historique du régiment :
La première bataille inscrite sur le drapeau du régiment est Rivoli. La gloire naissante du 92ème, alors 17ème Léger, était aux dépens des Autrichiens. Par une curieuse coïncidence, le régiment terminait la campagne à Verdun en face d’eux : 750 hommes, 12 officiers, 60 mitrailleuses, 3 canons défilèrent devant les fils des vainqueurs de Rivoli.
Avec tout le respect que je dois au régiment que j’ai eu l’honneur de commander, 84 ans après ces combats :
À moi, Auvergne !
(cri de ralliement du 92ème RI)
Photo : le lieutenant-colonel d’Oullenbourg, commandant le 92ème RI depuis le 31 janvier 1918 (source historique du régiment)
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