1561 jours – Général Ancelin : 2 octobre 1914

1561 jours – Général Ancelin : 2 octobre 1914

Le jour où… Mort de Maxime David.

Monument aux morts de la guerre de 14-18 de Normale Sup rue d’Ulm où est inscrit Maxime David, promotion 1904, professeur à Chartres

Nous nous trouvons dans la Somme avec le 102ème Régiment d’Infanterie. Ce régiment, parti de Chartres à la mobilisation, a combattu en Lorraine à la frontière belge, puis dans le nord de la Meuse avant de participer à l’aventure de la 6ème Armée du général Maunoury au nord-est de Paris.

Le voilà maintenant dans la limite des départements de l’Oise et de la Somme où il bloque les unes après les autres les attaques allemandes au sud-ouest de la ville de Roye (voir carte). Les pertes ont été terribles : recomplété à un effectif de 2 428 hommes, après un renforcement de 350 combattants, il se retrouve à 1 353 hommes, le 30 septembre. Les bataillons sont commandés par des capitaines et 4 compagnies sur les 12 du régiment, par des sous-officiers.

Quelque part dans une ambulance à Saint-Mard-les-Triots (voir carte), le caporal Maxime David décède, suite à ses blessures, à l’âge de 29 ans. Un fantassin parmi tant d’autres, certes… Rien n’indique en effet qu’il a été reçu premier à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm ainsi que premier à l’agrégation de philosophie. Il a rencontré son épouse en suivant les cours de Bergson et ils ont eu une fille en 1913 qui se prénomme Jacqueline. Il ne saura jamais qu’elle deviendra académicienne, sous le patronyme de son époux, de Romilly.

Cette mort au combat mérite que l’on s’arrête dessus, et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que nous nous situons seulement 20 ans après le déclenchement de l’affaire Dreyfus avec le torrent de passions et de violences qu’elle a entraînées. Cela n’empêche pas ce jeune père âgé de 29 ans, de confession juive, passant outre les clivages de l’époque, de combattre dans la boue et le froid pour la France. Ensuite, il est surprenant, qu’il ne soit qu’un petit gradé, car les Normaliens sont normalement officiers, à l’image de Maurice Genevoix. Il est possible qu’il n’ait pas satisfait aux épreuves lui permettant de faire le peloton d’officier.

Compte tenu de la « militarisation » de l’école, qui peut nous paraître surprenante aujourd’hui, les élèves de l’ENS étaient obligés de servir dans l’infanterie. Cela explique le nombre effroyable des disparus : 239, toutes promotions confondues ! Avec la poursuite de la guerre, un effort sera effectué pour affecter les Normaliens dans des unités d’appui pour limiter les pertes de cette élite, afin de ne pas hypothéquer l’avenir du pays. En tant que Saint-Cyrien, le sacrifice des Normaliens me pousse vers un total respect pour ces hommes emportés par un torrent auquel ils n’étaient pas destinés. Il démontre aussi que l’Union sacrée, quoiqu’en prétendent certains, s’est bien jouée à tous les niveaux de la société.

Photo : les fantassins rue d’Ulm

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