Le jour où… Conquête d’une partie de la Grotte du Dragon, au Chemin des Dames, par le 152ème Régiment d’Infanterie.
Photo (L’Illustration du 14 juillet) : le déclenchement de l’attaque, vu à 18h05 des tranchées du 152ème RI
Le 152ème Régiment d’Infanterie, les Diables Rouges de l’Hartmannswillerkopf… le 15.2 a été relevé des Vosges en 1916 pour participer à la bataille de la Somme. Il a déjà 3 citations accrochées à son drapeau, ce qui lui vaut l’honneur de porter la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre.
Le voici maintenant dans l’Aisne, au Chemin des Dames. Conformément à la nouvelle doctrine de Pétain, un objectif limité lui a été fixé et des moyens conséquents ont été alloués pour assurer la conquête. En l’occurrence, il s’agit de s’emparer définitivement d’une creute, conquise en 1915, aménagée et fortifiée par les Allemands : la Grotte du Dragon (carte) (voir 25 janvier 1915 ).
La caverne et ses abris sont situés à l’ouest du village d’Hurtebise (carte) et au sud-est du village d’Ailles (carte) où mon cousin Gaston s’est illustré le mois précédent. Lance-flammes et gaz de combat sont prévus.
Carte postale : la Grotte du Dragon, vue vers le camp allemand
Carte postale : la Grotte du Dragon, vue vers l’entrée côté français
Quand on y regarde de plus près, ce n’est pas le régiment à proprement dit qui mène l’attaque mais une « task-force » composée de bataillons d’unités différentes, aux ordres du chef de corps du 152ème RI. Bien que la vague des insubordinations soit sur le déclin, il est, malgré tout, nécessaire de « récupérer » quelques dizaines d’hommes qui se retrouvent placés dans la première vague d’assaut…
L’attaque est déclenchée à 18h00 et bouleverse tout sur son passage. Plus de 350 Allemands sont capturés. La moitié d’entre eux le seraient du fait de l’aumônier-brancardier Jean Py. Le prêtre aurait été interpellé à l’entrée de la cavité par un officier ennemi pris au piège avec ses hommes. Se serait alors engagé un dialogue, puis une négociation débouchant sur leur reddition contre la promesse qu’ils auraient la vie sauve. Quelles sont les parts de légende et de vérité dans ce récit ? Plus de 100 ans après, les témoins ayant disparu, toutes les hypothèses sont plausibles.
Ce que l’on peut tout de même dire, c’est que nous disposons de témoignages beaucoup plus récents de combats et d’affrontements proches dans des grottes (Guerre d’Algérie,Vietnam…) ; ils font souvent allusion à ce type d’échanges entre combattants qui, parfois, ont débouché sur ce genre de conclusion. À titre personnel, vu que ce comportement amène un reste d’humanité dans la barbarie, je veux croire à la version impliquant notre brave aumônier.
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