Le jour où… Défense de l’ouvrage de Froideterre.
Tableau de F. Barthelemy : Devant Froideterre
À la veille de l’offensive alliée de la Somme, les Allemands relancent une attaque sur Verdun. Le compartiment de terrain leur semble favorable pour cette nouvelle tentative.
Photo aérienne : Froideterre sous les bombardements
Depuis la prise du fort de Vaux, les troupes allemandes concentrent leurs efforts sur la zone. Leur objectif est de conquérir la dernière ligne de crêtes utile pour la défense française de Verdun et son complexe fortifié de Souville.
À l’ouest du village de Fleury (carte), un ouvrage monte la garde : Froideterre (carte). Tel un croiseur léger, armé d’une tourelle de 75 mm et d’une tourelle de mitrailleuse, il flanque le dispositif face au nord et au nord-est. S’il s’en emparait, l’ennemi pourrait facilement atteindre toutes les hauteurs qui dominent la Meuse ; il en serait fini de la place forte de Verdun !
Carte (fonds ACN) : vues de l’ouvrage de Froideterre
Depuis deux jours, les bombardements sur Froideterre sont incessants, mais la garnison tient bon. Soudainement, le capitaine qui commande les troupes réalise qu’il va être isolé du reste du dispositif français car il voit l’infanterie adverse progresser vers lui. Par pigeon, il avertit le commandement de la gravité de sa situation. Elle est d’autant plus grave que sa tourelle de mitrailleuse est coincée dans son alvéole, bloquée par les gravats causés par les explosions.
Schéma de la tourelle à éclipse de 75 mm.
Les Sturmtruppen sont maintenant toutes proches. L’un de ces soldats d’élite lance une grenade dans une ouverture causée dans la superstructure, mais l’effet n’est pas celui escompté…
La grenade fait sauter un dépôt de fusées éclairantes et les assaillants refluent au plus vite, craignant une explosion de l’ouvrage ! Le souffle a également dégagé la tourelle obstruée : les mitrailleuses se remettent à ouvrir le feu… Brusquement, les deux canons armant la tourelle de 75 mm tirent à mitraille et balayent de toute présence humaine la superstructure de Froideterre.
L’ouvrage, enfin rejoint par des renforts, ne tombera pas. Verdun est sauvé une nouvelle fois par un de ces ouvrages condamnés au rebut des armées, victimes désignées du décret du 5 août 1915. Pas rancunier, Froideterre aura pleinement joué le rôle qu’on ne lui reconnaissait plus…
Pendant ce temps, pas très loin de là, un peu plus au nord-est, à hauteur de la ferme de Thiaumont (carte), le 65ème Régiment d’Infanterie est lourdement impliqué. Mon cousin Gaston, avec la 2ème Compagnie, est au cœur de l’action…
Carnets de guerre 14-18, Adrien Ouvrier : Attaque à la baïonnette.
Gaston est engagé dans un combat au corps-à-corps. Il s’avance baïonnette au canon. Le Boche est là, devant lui… D’un seul élan, il projette son Lebel vers l’avant et le récupère aussitôt, une masse gélatineuse au bout de l’arme !
Persuadé d’avoir embroché une partie du crâne de son Allemand, Gaston me confiera ne plus avoir mangé de cervelle depuis cette époque… Il n’a pas 20 ans et l’horreur est en train de devenir pour lui d’une totale banalité. Il n’a pas 20 ans, mais il est poussé par une rage indicible de survivre à tout cela !
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