1561 jours – Général Ancelin : 22 septembre 1914

1561 jours – Général Ancelin : 22 septembre 1914

Le jour où… Mort de l’écrivain Alain-Fournier, auteur du roman Le Grand Meaulnes publié en 1913.

Photo : Alain-Fournier lors de sa mobilisation

Pour tenir face à l’offensive allemande de la Woëvre et empêcher la percée, les combats sont acharnés côté français, d’autant que sans être dégarni, le front est plutôt allégé dans ce secteur, l’effort des combats se reportant dans la course à la mer au Nord. Le terrain à défendre est difficile car il est boisé et compartimenté. C’est là que se joue le dernier drame d’Alain-Fournier à 27 ans.

Carte de situation (d’après La France héroïque et ses alliés)

Depuis le 22 août, le 288ème Régiment d’Infanterie est engagé dans des actions autour de la forteresse de Verdun et c’est tout à fait normalement que le régiment se retrouve impliqué ce jour-là dans les combats de la région de Saint-Rémy, en avant de la ligne des forts.

Le 288ème est le régiment de réserve dérivé du 88ème Régiment d’Infanterie de Mirande (Gers) dans lequel Henri-Alban Fournier, de son vrai nom, a terminé son service militaire en 1909, après avoir suivi le peloton d’officier et effectué avec constance toutes ses périodes d’officier de réserve, où il a été apprécié. C’est la raison pour laquelle Alain-Fournier, a été affecté au 288ème RI où il est chef de section avec le grade de lieutenant.

Photo : Fournier (dans le cercle) sous-lieutenant de réserve au 88ème RI lors de manœuvres avant-guerre.

L’année précédente, il a manqué de peu le Goncourt avec son roman, Le Grand Meaulnes, encensé par la critique. Ami de Charles Péguy, dont il s’est rapproché après son échec à l’oral de Normale Sup en 1907, il a participé activement au mouvement intellectuel d’avant-guerre.

Alain-Fournier a été mobilisé dès le 2 août. Il est parti à la guerre comme le reste du pays, conscient du devoir à accomplir..

Ce 22 septembre, il a reçu l’ordre d’effectuer à la tête de sa 23ème Compagnie une reconnaissance offensive sur les Hauts de Meuse. Il est arrivé sans encombre avec sa compagnie jusqu’à la tranchée de Calonne (qui était en fait une route), puis des combats se seraient engagés à la lisière du bois de Saint-Rémy. Les conditions de sa mort sont encore confuses de nos jours.  En réaction à une action meurtrière contre un poste de secours allemand, il aurait été exécuté par l’ennemi, considérant qu’il s’agissait d’un crime de guerre.

Son corps n’a été identifié dans une fosse commune sur les lieux des combats qu’en novembre 1992. Sa disparition pendant 78 ans n’a fait qu’amplifier le mythe autour d’un écrivain mort pour la France en pleine jeunesse, après avoir écrit un seul roman, mais quel roman : inclassable et onirique, faisant référence à une époque révolue. Son nom figure sur les murs du Panthéon, à Paris, dans la liste des écrivains morts au champ d’honneur.

On peut se demander si le sous-lieutenant Maurice Genevoix, qui passa son enfance aux portes de la Sologne d’Alain-Fournier, avait en tête le pays du Grand Meaulnes alors qu’il est lui aussi en train de participer aux mêmes combats que son auteur, un peu plus au nord (il sera d’ailleurs gravement blessé ultérieurement près de la crète des Éparges, à deux pas de Saint-Rémy). Il évoque, dans un texte publié en 1981, la possibilité d’avoir entendu la voix d’Alain-Fournier, sans l’avoir connu physiquement. Dans son témoignage de guerre Ceux de 14, Genevoix décrit à cette date des combats durs en sous-bois ainsi que l’agonie des blessés français et allemands en manque de soins. Comment ne pas penser également aux circonstances de la mort de son célèbre contemporain ?

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