Le jour où… Départ en mission sur le front du peintre Félix Vallotton.
Félix Vallotton : autoportrait (1914), musée de Lausanne
Félix Vallotton (voir biographie), peintre d’origine suisse, n’avait pas été autorisé à s’engager à 49 ans. Suivant les combats à travers la presse et les photographies, il s’était vite pris d’indignation contre la guerre et de pitié pour les hommes au front. Il en avait tiré une première œuvre en 1915, intitulée Paysage de ruines et d’incendies.
Ce 5 juin, il peut enfin, dans le cadre de la préparation de l’exposition à venir des peintres aux armées, se rendre dans la zone des troupes, jusqu’au 18 juillet. Il en ramènera des œuvres très spécifiques et intrigantes : elles sont dénuées de toute présence de combattants !
On ne peut qu’être impressionné par la peinture, au style presque naïf, de son cimetière de Châlons-sur-Marne annonçant les futures nécropoles des champs de bataille. Dans une composition plus avant-gardiste, comme une évolution prévisible de son tableau de 1915, il réalisera en novembre le célèbre Verdun qui nous projette au cœur du chaos.
Paysage de ruines et d’incendies (1915) – Musée des beaux-arts de Berne.
Verdun (1917) – Musée de l’Armée, Paris.
Cimetière de Châlons-sur-Marne (1917) – Musée d’histoire contemporaine, BDIC, Paris – et L’église de Souain (1917) – National Gallery of Art, Washington
L’un d’entre eux me marque tout particulièrement : Le bois de la Gruerie et le ravin des Meurissons. On y devine un horizon lointain, désolé et incertain, mais surtout, au premier plan, le vert frais de touffes de végétation est transpercé de l’ocre et du noir d’une multitude de squelettes d’arbres, témoins fantomatiques de ce qui fut une forêt, maintenant détruite par les flammes. Les hommes sont absents, comme s’ils avaient disparu de la surface de cette terre d’Argonne martyrisée.
Dans ce tableau pathétique, nous sommes bien à la frontière entre la Champagne et la Lorraine, en 1917, mais, au final, quelle différence avec les paysages du Viêt Nam ravagés par le napalm, une cinquantaine d’années plus tard ?
Constance de l’horreur de la guerre à outrance…
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