Le jour où… Bataille navale du Jütland.
Photo : les cuirassés de la Royal Navy en cours de déploiement
Lorsque l’on évoque les grandes batailles navales de l’histoire, les noms de Salamine, Actium, Lépante, Trafalgar ou Tsushima viennent naturellement dans les mémoires. L’histoire contemporaine évoque plus facilement la guerre du Pacifique. Celle du Jütland (ou du Skagerrak pour les Allemands) a été un peu étouffée par les grands affrontements terrestres de Verdun et de la Somme dont les dates l’encadrent, de sorte qu’elle passe souvent au second plan. Pourtant elle constitue à ce jour le plus grand affrontement sur mer et fit plus de 10 000 morts en 24 heures ! Ses conséquences furent certainement plus importantes que celles de la bataille de Verdun dans le temps et l’espace. Difficile donc de résumer en quelques lignes ce fracas d’acier, de poudre et de geysers d’eau…
La journée avait pourtant bien commencé selon les plans et dans l’esprit des deux parties. D’un côté, un amiral Scheer décidé à faire ses preuves face à la plus grande marine de guerre du monde et à l’attirer dans un piège. De l’autre, un amiral Jellicoe désireux de réduire au silence le trublion germanique, mais secondé par le fougueux amiral Beatty qui, lui, ne cherche qu’à briller. Voilà pour les paramètres humains.
Matériellement, le rapport de force semble favorable aux Britanniques, mais les choix techniques faits par les Allemands leur donnent une plus grande capacité de résistance aux tirs. La Royal Navy, elle, négligeant des options de sécurité, a commis quelques impasses sur la construction de ses bâtiments. Voici pour le complément des données matérielles.
Document : la Bataille que tout le monde a gagnée… la comparaison des pertes, vue du côté de la propagande allemande.
En moins d’une journée, au milieu de la partie méridionale de la mer du Nord, va se jouer un duel à mort, à la fin duquel tout le monde s’attribuera la victoire, une victoire à la Pyrrhus pour chacun.
Certes, la Hochseeflotte s’échappera du filet tendu par Jellicoe, lui «barrant le T » comme dans les manuels (cette manœuvre permet à la flotte située sur la barre horizontale du T d’utiliser le maximum possible de canons tandis que celle située sur la barre verticale ne peut tirer qu’avec ses canons de proue), grâce à une manœuvre audacieuse de Scheer qui traversa de nuit les lignes de la Grand Fleet. Cependant, la Kaiserliche Marine se retrouvera ensuite coincée dans ses ports pour devenir la couveuse des germes de la révolution qui emportera le Kaiser, deux ans après.
De son côté, la Royal Navy, à cause de l’indiscipline de l’un de ses amiraux impétueux qui confondit charge de cavalerie et bataille navale, a démontré son incapacité à emporter la décision pour la gloire et la grandeur de la couronne, ce pourquoi elle avait été conçue en coûtant cher au contribuable britannique.
Le cuirassé allemand Seydlitz après la bataille
En fait, cette bataille est la marque du déclin des deux puissances. Un siècle plus tard, il en reste des mètres linéaires de récits explicatifs et justificatifs, mais aussi de croquis, heure par heure (voir les cartes détaillées), des affrontements d’artillerie à distance des cuirassés et croiseurs de batailles. Ils décrivent d’étranges ballets fascinants, presque artistiques, s’il n’y avait du sang et de la douleur derrière eux. Certains sont même la marque d’un mensonge : Beatty a fait falsifier les plans de la bataille, a posteriori, pour justifier son action et discréditer Jellicoe qui ne s’en remit jamais !
Pour conclure, n’oublions jamais qu’au fond de la mer reposent 10 000 marins dont 7200 Britanniques et 34 navires.
Voir le film La bataille du Jutland (RMC Découverte – 52mn)
Photo allemande : L’explosion du cuirassé anglais Queen Mary
____________
Vous êtes plus de 31 000 à avoir aimé Le jour où… extraits de 1561 jours. Soutenez-nous ! Téléchargez l’œuvre complète (cliquer) du général Ancelin, soit les 5 ouvrages numériques multi-plateformes de 1561 jours, pour 12 € seulement grâce au code Card1561
1561 jours, œuvre mémorielle magistrale sur la guerre de 14 18, c’est 6000 pages passionnantes dotées d’une iconographie restaurée exceptionnelle, souvent inédite, dont la lecture est facilitée par une navigation calendaire. 1561 jours s’appuie sur un Cloud qui héberge des enrichissements remarquables : des heures de films et de vidéos, de la musique inédite, des cartes en haute définition, des documents et même des livres rares complets…













